02 mai 2014

Entretien avec un ambulancier de l’air : Matt Archard

L’évacuation médicale d’urgence est un autre domaine d’activité pour l’aviation privée.

Ce type de vols, dit medevac, permet d’évacuer rapidement des patients trop faibles pour parcourir de longues distances par la route ou trop malades pour emprunter un avion de ligne.

Une ambulance aérienne est un avion spécialement équipé pour les soins intensifs et les urgences médicales.

Certains appareils se prêtent mieux que d’autres à cette utilisation. Pour en savoir plus, consultez notre liste des 5 principaux avions servant d’ambulance aérienne.

Bien sûr l’appareil et son équipement sont essentiels à la prise en charge du patient, mais pour garantir les meilleurs soins possible, ce dernier doit pouvoir également compter sur l’expertise et l’expérience des professionnels médicaux qui l’accompagneront pendant le vol.

Suivant l’état de santé de la personne évacuée, ces professionnels sont des médecins, des infirmiers ou des ambulanciers.

Pour vous faire découvrir ce métier méconnu, nous avons rencontré Matt Archard, un ambulancier travaillant uniquement dans des avions.

Q : Comment décrieriez-vous votre travail ?
R : Un ambulancier est un soignant spécialement formé pour faire face à des situations d’urgence. Seul ou au sein d’un équipe médicale, il procure des soins préhospitaliers directement là où se trouve un patient malade ou blessé ou lors de son évacuation en direction ou au départ de l’hôpital, y compris dans un avion.

Q : Avez-vous toujours voulu être ambulancier ? Comment l’êtes-vous devenu ?

R : Je n’avais pas vraiment de vocation médicale au départ. Entre 1997 et 2004, j’étais militaire de l’Armée britannique. Après avoir participé à des missions dangereuses lors d’opérations extérieures, j’ai eu l’opportunité de suivre une formation de secourisme en équipe.

J’ai vraiment aimé ça… J’ai donc poursuivi ma formation en vue de devenir technicien ambulancier après mon départ de l’Armée et obtenu une série de qualifications supplémentaires. Ma première expérience fut en tant que bénévole, auprès des services ambulanciers de la ville sud-africaine de Cape Town.

J’avais envie de me spécialiser dans le domaine de la sécurité, j’ai donc obtenu une certification pour la protection rapprochée dans l’espoir de devenir ambulancier au sein d’un service de sécurité.

Après cela, j’ai travaillé dans le domaine de la protection rapprochée au service de personnalités et de membres de familles royales au Moyen-Orient, puis pour des équipes et des particuliers en Europe et aux États-Unis.

J’ai passé trois ans à Washington à assurer la sécurité de diplomates et travaillé en tant qu’indépendant au sein des services d’urgences du Royaume-Uni.

En 2010, j’ai repris des études pour obtenir un diplôme universitaire dans le domaine médical avec une spécialisation dans les services d’urgence.

Ceci m’a permis de me mettre à mon compte et d’exercer mon métier de différentes façons au Royaume-Uni, en Europe, dans des zones de conflits comme l’Irak et des régions difficiles d’accès comme les bassins miniers de l’Ouest du Sénégal où mon expérience dans le domaine de la sécurité est un véritable atout.

Une partie de mon travail s’effectue au sol, mais je passe aussi beaucoup de temps dans un avion pour évacuer, transporter et rapatrier des patients.

En ce moment, je travaille beaucoup sur Bagdad en tant qu’ambulancier indépendant au sein d’une équipe de protection rapprochée de la société Shell. Je m’apprête aussi à reprendre de nouveau des études en vue d’obtenir un Master en gestion des soins d’urgence.

Je suis déterminé à continuer d’apprendre et de travailler dur pour développer mes connaissances et mes compétences professionnelles… Car plus j’apprends, plus je suis capable d’aider !

Q : Pourriez-vous nous décrire une évacuation par ambulance aérienne ?

R : Il n’y a pas vraiment d’évacuation type, car chaque situation est unique c’est d’ailleurs ce qui me plaît le plus dans mon métier. Cela peut aller du rapatriement sanitaire d’un patient ayant fait un AVC ou une crise cardiaque pendant ses vacances au simple soutien logistique.

Pour simplifier, on peut définir quatre types de vol en fonction des professionnels impliqués :

1) En tant que membre d’une équipe médicale (avec un médecin et un infirmier)
C’est la situation la plus critique : la vie du patient transporté est menacée et il faut lui prodiguer des soins intensifs pendant le trajet.

2) Avec une infirmière ou un autre ambulancier
Dans ces cas-là, la vie du patient n’est pas en jeu, mais il faut être deux pour parer à toute éventualité. C’est aussi la composition d’équipe choisie lorsque certains patients exigent d’être soignés par une femme.

3) Seul, en tant qu’ambulancier indépendant.

4) Seul, en tant qu’accompagnant ayant une formation médicale.

La personne transportée n’est ni blessée, ni malade, mais simplement fragile ou susceptible d’avoir besoin d’une assistance médicale pendant le trajet. Cette forme d’assistance peut être demandée pour des vols privés comme pour des vols commerciaux.

Q : Quelles sont les compétences à avoir pour être ambulancier ?
R : Par définition, il faut avoir une formation médicale, mais un bon sens de la communication est aussi essentiel afin de rassurer le patient et sa famille (souvent présente à bord de l’appareil) lors d’une situation stressante.

Comme je l’ai déjà indiqué, c’est un métier qui vous confronte à une grande diversité de situations, il faut donc être adaptable pour bien gérer les imprévus. Enfin, il faut être prêt à apprendre continuellement pour maintenir ses connaissances et développer son savoir-faire, car dans ce métier, certaines erreurs peuvent être fatales.

Q : Votre expérience militaire vous a-t-elle servi dans votre nouvelle carrière ?

R : Je pense que mon passé de militaire m’a beaucoup servi. Je sais garder mon calme et m’adapter facilement dans des situations difficiles. Je reconnais l’importance aussi bien de l’autonomie que du travail d’équipe et j’ai beaucoup de respect pour ceux qui m’entourent.

En fait, ma formation de militaire me sert tous les jours !

Q : Quel équipement emportez-vous à bord de l’appareil ?

R : L’ambulance aérienne que nous utilisons pour des vols d’évacuation sanitaire contient tout le matériel nécessaire pour faire face à des situations d’urgence, notamment des ventilateurs de réanimation, un système de surveillance cardiaque et d’autres équipements spécialisés.

Nous utilisons souvent un moniteur/défibrillateur LIFEPAK 15 : un défibrillateur multifonctions capable, entre autres, de mesurer la pression sanguine et de surveiller le pouls et l’oxygénation du patient.

En plus du matériel habituellement disponible à bord des avions, nous transportons également de nombreux médicaments et d’importantes réserves d’oxygène. Comme nous intervenons souvent dans des zones isolées, nous devons faire en sorte d’amener l’hôpital jusqu’à nos patients.

Q : En quoi une ambulance aérienne est-elle différente d’une ambulance classique ?

R : L’environnement et les secousses d’un avion, surtout lors du décollage et de l’atterrissage, nous compliquent la tâche pour assurer le confort des patients.

La pressurisation de la cabine modifie la réponse de l’organisme à certaines conditions, ce qui influe sur nos choix de médicaments et de traitement. Lorsqu’il faut franchir des frontières et transporter des patients sur de longues distances, la logistique peut aussi être plus complexe.

C’est pourquoi nous sommes spécialement formés pour les évacuations aériennes et que j’aimerais poursuivre mes études dans le domaine des soins intensifs.

Q : En quoi est-ce différent de travailler à l’étranger ?

R : Lorsqu’on est ambulancier, travailler à l’étranger offre certains avantages. Il faut bien l’avouer, la rémunération est plus élevée. Travailler dans des zones isolées comme la forêt tropicale de l’Afrique de l’Ouest ou avec des équipes de sécurité en Irak comporte une certaine part de risques, mais peut vous permettre de gagner jusqu’à cinq fois le salaire moyen d’un ambulancier au Royaume-Uni.

C’est aussi une opportunité de vivre des moments intenses et de faire une vraie différence dans la vie des gens… Même si on n’est loin de s’ennuyer lorsqu’on est ambulancier au Royaume-Uni !

Cela me donne également l’opportunité de mettre en œuvre mes connaissances dans un environnement où l’on n’a pas droit à l’erreur et d’apprendre auprès de professionnels passionnés et expérimentés.

Q : Sur quels avions avez-vous volé en tant qu’ambulancier ?

R : J’ai travaillé sur différents jets et turbopropulseurs :

• King Air ;
• Hydravion Cessna 206 ;
• Différents Gulfstream ;
• Différents Learjet ;
• Hawker 800 ;

plusieurs hélicoptères :

• Eurocopter 135 ;
• Eurocopter A350 Écureuil ;
• SA 315 Lama
et divers avions de ligne, dont le Boeing 747 et l’Airbus A380.

Q : Quels pays avez-vous visités dans l’exercice de vos fonctions ?

J’ai transporté des patients au départ et à destination de l’Angleterre, de l’Espagne, de la France, de la Belgique, de la Suisse, de l’Autriche, de l’Irak, de Dubaï, de la Corée, des îles Fidji, des États-Unis, du Canada, du Sénégal, de la Tanzanie et de l’Afrique du Sud… Mais je suis sûr qu’il y en aura encore bien d’autres !

Q : Quelle est la prochaine étape de votre carrière ?

R : J’aimerais développer mes connaissances dans le domaine de l’aviation, c’est d’ailleurs une des spécialisations de mon Master. En terme de situation géographique, je passe actuellement un tiers de mon temps au Moyen-Orient, mais avec une petite fille et un bébé en route, j’aimerais être basé en Europe, notamment en Espagne où réside ma famille, car elle me manque beaucoup !

Pour en savoir plus sur les vols d’évacuation sanitaire, contactez PrivateFly 24 h/24 au +33 1 70 70 77 87.

Matt Archard est actuellement inscrit en Master et cherche un poste d’ambulancier basé en Europe.
E-mail : matthewarchard@yahoo.com