16 octobre 2015

Interview d’un expert de l’aviation : « Le Concorde était mon jet privé »

Avec 57 ans d’expérience dans l’aviation, dont la moitié dans l’aviation d’affaires, nous avions une multitude de question à poser à Graham Stephenson.

M. Stephenson connaît l’industrie sur le bout des doigts et s’intéresse désormais à l’expérience au sol des passagers en jet privé.

Il travaille pour IBAC en tant que contrôleur IS-BAH, où il passe en revue les mesures de sécurité et le suivi des règles professionnelles des terminaux de jet privé à travers le monde.

Mais il nous a également impressionnés avec les points forts de sa carrière professionnelle dans l’aviation, de ses cours de pilotage dans un Tiger Moth à son incroyable vol à vide en Concorde avec sa famille.

Comment décrire un bon FBO ?

Comme pour l’ensemble des entreprises de notre industrie, la qualité d’un FBO (ou terminal de jet privé) dépend du personnel qui y travaille.

J’ai créé et dirigé des FBO aux quatre coins du monde, et le recrutement est une étape cruciale. Ensuite, investir en formation est la clé pour garder un service de qualité.

La motivation et l’engagement doivent initiés par les supérieurs hiérarchiques qui supportent toutes les activités du FBO (dont le ravitaillement des appareils, la sécurité, le service de restauration, etc.), en utilisant les niveaux de sécurité les plus hauts et un service au consommateur personnalisé.

Vous rôle consiste à contrôler les FBO pour savoir s’ils répondent aux standards IS-BAH, qu’est-ce que cela signifie ?

IS-BAH (International Standard for Business Aircraft Handling) a été mis en place par IBAC en juillet 2014, se positionnant comme un ensemble de règles de conduite pour les FBO et les agents au sol qui se construit autour du SMS (Safety Management System).

IS-BAH a été conçu pour répondre aux conditions imposées par l’ICAO (International Civil Aviation Organization). Il faut généralement de 6 à 12 mois à un FBO pour se préparer à l’audit, en fonction des moyens déjà en place.

Les modalités et procédures sont importantes, mais leur mise en œuvre est impérative. Donc les entreprises sont contrôlées tous les deux ans afin de s’assurer qu’elles respectent bien le SMS en pratique.

Pour l’instant, seulement huit FBO ont reçu la certification IS-BAH, dont la moitié est en Europe. Mais de plus en plus de FBO sont intéressés et revisitent leurs procédures afin d’obtenir la certification.

Lisez l’interview de Joseph Azzaz, responsable du premier FBO en France à recevoir la certification IS-BAH.

Grandes marques ou FBO indépendants, que conseillez-vous ?

Je pense que les petits FBO, en particulier lorsqu’ils sont dirigés par des entreprises familiales, savent motiver leurs employés et offrir un excellent service sur-mesure. On voit souvent le personnel qui travaille pour ce type d’entreprise se dépasser pour leurs employeurs. Ils sont souvent loyaux et fiers de représenter leur entreprise.

Mais il y a également beaucoup d’exemples de grandes chaînes de FBO qui offrent un service de qualité. Les grands groupes ont l’avantage d’avoir plus de ressources et d’expériences à partager.

Mais petit ou grand, l’essentiel se trouve dans la qualité et le dévouement du personnel.

Je me souviens d’un FBO placé dans un simple conteneur bureau tenu par un couple de jeunes mariés. Les équipages ne manquaient pas d’éloges concernant le service unique offert dans ce terminal et le confort dans lequel ils étaient reçus. Je pense que leurs excellents sandwiches au bacon ont aussi contribué à leur réputation !

Beaucoup d’aéroports ont plusieurs FBO, alors comment choisir ?

Le FBO doit satisfaire à la fois les opérateurs, l’équipage et les passagers. Ce qui est essentiel dans l’aviation d’affaires, c’est d’offrir une transition fluide du sol au vol et pour cela l’équipe doit être compétente coordonnée.

Je ne pense pas que le client se sente vraiment concerné par le choix du FBO tant que le service répond à ses attentes. Un FBO doit donc être capable de faire bonne impression au premier abord et d’offrir une expérience exceptionnelle à tous ses clients. Un FBO peut par exemple amener ses clients jusqu’à leur appareil en voiture, ce qui est généralement très apprécié.

Selon vous, quel est le plus grand défi de l’aviation d’affaires aujourd’hui ?

Je pense que nous avons encore du mal à changer les perceptions qui entourent l’aviation d’affaires. Il faut arrêter de considérer que les jets privés ne sont réservés qu’aux célébrités et aux super-riches.

Évidemment de nombreuses personnalités volent en jet privé (et on en entend beaucoup parler dans les médias) mais ils sont aussi utilisés par les entreprises comme un outil pour augmenter leur efficacité.

Les sociétés cherchent à optimiser le temps et les voyages de leurs employés les plus expérimentés, et l’aviation d’affaires peut les aider à accomplir cela. Pour développer l’industrie, nous avons besoin de démolir ces clichés, par exemple en rendant les prix et le système de réservation des jets privés plus accessibles.

Quel est votre aéroport préféré ?

J’ai travaillé et voyagé à travers le monde. Mais mon aéroport préféré est Londres City, où j’ai créé Jet Centre. Il est au centre de Londres, ce qui est un grand avantage, et il offre en plus un service rapide et efficace.

Dans le terminal principal, il y a des détecteurs qui alertent la salle de contrôle lorsque l’aéroport est très fréquenté, afin que le personnel de l’aéroport puisse trouver des solutions pour le désengorger rapidement.

Cela permet de s’assurer que le passage des voyageurs se fasse rapidement et sans accroc.

La même stratégie s’applique à Jet Center, qui promet une transition au départ et à l’arrivée en à peine 90 secondes.

J’ai eu la chance d’atterrir moi-même à Londres City en Cessna 172 en 2004, alors que je travaillais là-bas et que je pilotais. Je suis fier de compter LCY dans la liste des aéroports dans lesquels j’ai atterri !

Quel est votre avion préféré ?

Je dirais le Concorde. Quand British Airways a commencé à offrir des vols en Concorde entre Jeddah et Londres en 1993, j’étais directeur des opérations à Jet Aviation en Arabie Saoudite et nous venions de construire le premier FBO à Jeddah.

C’était un honneur pour nous de pouvoir s’occuper d’une série de vol pour British Airways grâce à notre nouveau terminal VIP.

L’avion devait se repositionner à vide, donc British Airways a accepté que je voyage en Concorde avec ma famille. Quel vol à vide incroyable ! Le Concorde a même obtenu l’accord de l’Egypte pour voler à une vitesse supersonique à travers le pays, ce qui nous a permis de voler de Londres à Jeddah en 3 heures.

Peu de monde peut se vanter d’avoir eu le Concorde comme jet privé pour une journée !

Un autre appareil qui m’a marqué est le Tiger Moth (que j’ai appris à piloter en 1957, après avoir remporté une bourse d’étude à l’école militaire de la Royal Air Force). C’est le meilleur souvenir que j’ai en tant que pilote ; à l’époque on atterrissait même dans des champs de fermiers.

J’ai toujours considéré Gulfstream comme la Rolls Royce des avions d’affaires parce qu’ils ont été les premiers à fixer des critères de grande qualité.

Aujourd’hui, je pense que la famille Global est très impressionnante, mais j’aime aussi la flexibilité du Piaggio Avanti et la vitesse du Citation X.

PrivateFly a accès à plus de 7000 appareils disponibles à la location (même si hélas le Concorde n’en fait pas partie). Pour plus de détails sur l’affrètement d’avions privés, écrivez-nous ou appelez-nous au +33 1 70 70 77 87.