« Flip my jet » : la demande dépasse l’offre pour le Gulfstream G650
La plupart des constructeurs d’avions d’affaires cherche aujourd’hui des moyens d’allonger leur carnet de commandes, mais il y en a un pour qui c’est loin d’être un souci.
Gulfstream, le constructeur américain, fait face une demande très forte pour son tant-annoncé G650, aussi appelé G6. Certains acheteurs sur la liste d’attente revendent leur avion en faisant un bénéfice, et ce avant même de l’avoir reçu. Cette pratique, appelée « flipping » en anglais, était monnaie courante avant la crise économique, mais cela faisait bien des années que l’industrie n’en avait pas témoignée.
Pourquoi le G650 est-il si demandé ?
Le Gulfstream G650 est le plus grand jet privé et également le plus cher du monde, son prix catalogue est de 65 millions de dollars. C’est le jet privé à la plus longue portée (plus de 7,000 miles nautiques), et offrant une vitesse de croisière maximum de 0.925. Ce jet privé peut donc relier Dubai à New-York ou encore Londres à Buenos Aires sans escale technique.
Cet appareil est doté des dernières avancées technologiques : un fuselage de section ovale, des commandes de vol « fly-by-wire »… La fiche technique de l’appareil n’explique qu’en partie son succès auprès des acheteurs. Ce qui plait surtout, c’est sa cabine large de 2m60 et haute de 1m96, son design, ainsi que la possibilité d’y installer une cuisine complète et un bar. Il peut en outre accueillir jusqu’à 18 passagers selon les configurations.
D’autre part, le G650 se fait rare, moins de 40 appareils ont été livrés depuis son entrée en service l’année dernière. Il y a encore plus de 160 acheteurs sur la liste d’attente et certains d’entre eux devront attendre jusqu’à 4 années avant d’être livrés. Les acheteurs les plus connus de la liste d’attente sont Ralph Lauren, Oprah Winfrey, Warren Buffett ou encore Roman Abramovich… Peter Jackson, le célèbre réalisateur néo-zélandais, fait partie des plus chanceux, ceux qui ont déjà été livrés.
Qu’est-ce que le « flipping » ?
Le terme « flipping » désigne l’action d’acheter un actif dans le but de le revendre rapidement pour un bénéfice. Le terme est couramment employé dans l’immobilier mais s’applique également à l’industrie des avions privés.
Le G650 est en l’occurrence un bon exemple d’un produit exclusif et rare. On souhaite tous ce que l’on ne possède pas. C’est la raison pour laquelle certains acheteurs – livrés ou sur liste d’attente – ont pu revendre leur jet pour un bénéfice allant jusqu’à 5 millions de dollars.
Bernie Ecclestone, célèbre patron et magnat de Formule 1, fait partie de ceux ayant pratiqué un « flipping » pour leur G650. Peu après la livraison de son nouveau jet, il se serait rendu compte qu’il n’était pas adapté à ses besoins : Bernie se rendant souvent dans des aéroports aux pistes trop courtes pour l’atterrissage du G650…
Les besoins constamment différents en termes de destinations, longueurs de pistes, nombre de sièges ou encore la portée de l’appareil, sont les raisons pour lesquelles les utilisateurs d’avions d’affaires ont recours à la location plutôt qu’à l’achat, du moins au début.
Selon Tim Barber, Directeur Général de JetBrokers Europe, ce type de spéculation était courant avant la crise économique : « Lorsque l’industrie était en croissance, le « flipping » était plus courant et était pratiqué dans toutes les catégories de jets privés. Certains acheteurs avaient de quoi payer l’apport initial mais pas la somme totale, ils plaçaient une commande pour un avion en faisant le pari que son prix augmenterait. Beaucoup d’entre eux ont fait un mauvais pari à la veille de la récession. Mais l’industrie témoigne à nouveau de cette pratique avec le G650, tant courtisé. C’est surtout une question de « statut » aujourd’hui d’être propriétaire d’un G650. »
En réponse à ces pratiques, Gulfstream aurait renforcé les termes de ses contrats de vente rendant plus difficile (mais apparemment pas impossible) la revente d’un appareil avant sa livraison.
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